« Mobilisons nous » c’est une expression que je prononce régulièrement quand je sais qu’un dossier est perdu d’avance mais que je fais croire qu’il y a encore de l’espoir.
Et ça fonctionne. Les naïfs ! Il n’y a que dans le sud manche que cela est possible. Non seulement je sais que l’affaire est pliée, mais en faisant croire l’inverse, je m’attire la sympathie et l’empathie de la population et leur vote pour les législatives.
« Trop fort je suis » pour reprendre le dialecte de maître Yoda, le gentil Jedi de Star Wars que j’ai récemment revu en blu-ray.
Et le meilleur ou le pire (c'est selon), quand j’y repense, c’est je suis indirectement à l’origine de cet état de fait.
La preuve par l’exemple ? Je dirais les exemples : la ligne Très Haute Tension « Cotentin-Maine » et les barrages sur la Sélune.
J’ai mouillé ma chemise sur ces deux dossiers. On m’a vu en photo dans les journaux ou à la TV ou entendu à la radio dans les manifestations, dans les réunions publiques. Avec les opposants, les élus, les anti-nucléaires et les gauchistes.
Oui leur combat est juste. Oui y en a marre des technocrates parisiens qui nous impose tout sans concertation. Oui il faut se battre. Je dis stop, ça suffit!
Il faut revoir la ligne THT 400.000 volts qui va balafrer le paysage et empoisonner la vie des riverains, exiger une enquête épidémiologique sur les effets sur la santé des lignes à très haute tension et maintenir les barrages sur la Sélune qui font partie de notre patrimoine et contribuent à l’activité économique et sociale du territoire.
Il faut dire que contrairement aux apparences je n’ai jamais été à l’initiative de la contestation.
J'ai toujours rejoint les mouvements en cours de route quand je me suis rendu compte qu’il valait mieux politiquement et électoralement être avec la population que contre.
Ça c’est un basique de la politique : l’opportunisme.
Etre toujours dans le (bon) sens du vent.
Cela est un élément du Houétisme ou Huétisme (c’est selon), ma doctrine bien à moi et qui a fait ses preuves.
On y englobe généralement aussi le populisme et le cyclisme (lire l'article).C'est aussi privilégier l’intérêt particulier sur l’intérêt général (lire l'article).
De nombreux élus ne procèdent pas ainsi.
Mais comme je dis « chacun sa technique. Au final ce sont les électeurs qui trancheront ».
Il est vrai qu’à l’origine des deux problématiques en question je n’ai pas été sans reproche.
La ligne THT est la conséquence de la construction de l'EPR, la centrale nucléaire de 3ème génération, à Flamanville dans le Cotentin ; décision prise à l’époque où j’étais conseiller général du canton d’Avranches (que j’ai du abandonné en 2007 avec mon élection de député à cause de cette satanée loi sur le cumul des mandats).
Au Conseil Général, j’étais membre de la majorité départementale (de droite) qui a soutenu à l'époque le projet de cette installation nucléaire high-tech source de mécontentement actuel.La médiatisation de la contestation a débuté en mars 2008 avec le refus de la commune de Chevreville d’organiser les élections municipales et cantonales. Les élus de cette localité du sud Manche manifestaient leur opposition de voir la ligne passée sur le territoire de leur commune. (lire l'article)
Bien avant, j’ai compris que cela allait prendre de l’ampleur et c’est pourquoi quand je me suis présenté en dissident face à Philippe Bas pour la députation j’ai annoncé pendant ma campagne de 2007 des propositions : l'enfouissement partiel de la ligne THT financé par la vente d'électricité aux clients destinataires (lire l'article).
Pourquoi pas? Cette idée ne mange pas de pain, même si elle est impossible à mettre en oeuvre.
Vous avez d'autres idées vous?
Au début de mon mandat de député, lors des premières manifestations, des anti-THT m’ont reproché d’avoir soutenu le projet EPR quand j'étais au CG50
Ils avaient raison mais je leur ai répondu fermement : « Ce n’est pas moment de se diviser. Restons mobilisé si l’on veut faire reculer l’Etat et RTE». RTE (Réseau de Transport d'Electricité) est le maître d'oeuvre et gestionnaire de la future ligne.
J'ai relancé l'idée de projet d'enfouissement en partie de la ligne THT. Pareil ça ne coûte rien de le dire.
Même si je sais qu’enterrer, même partiellement, une ligne de 400.000 volts en courant alternatif, c’est un non sens économique et écologique.
L’important c’est que je fasse des propositions qui plaisent à mes électeurs.
Et puis il y a eu les grands rassemblements : à Saint-Hilaire-du-Harcouët, à Mortain (en janvier 2009) où j’ai pris la parole et ai été applaudi. Grandiose, magique. L'état de grace.A un moment je me suis comparé à Martin Luther King.
Comme en août 1963 lors de la marche pour l'emploi et la liberté à Washington où il prononcé les quatre mots qui sont restés dans l'histoire : «I have a dream».
Moi à Mortain j'ai du dire : «le combat n'est pas perdu, seule la mobilisation peut faire reculer RTE et l'Etat». Applaudissements.
Merci.
Face à l’intransigeance continue de l’Etat et de RTE, un point-presse a été organisé symboliquement à Chevreville 27 avril 2010 avec différents députés et élus de la région pour mettre la pression.
J’ai dit de ma voix grave « il faut se mobiliser, créer un rapport de force en notre faveur.»
J'ai proposé de se rendre une énième fois au ministère de l'écologie (on est super bien accueilli, avec café et chouquettes) et d'organiser deux ou trois manifestations de masse dans les semaine à venir (lire l'article). Depuis Chevreville, silence radio.
Pas de rencontre au ministère ni de manifestation d'envergure. Black-out. On ne m’a plus entendu.
A quoi bon. J’ai assez perdu de temps pour un combat que je savais perdu d’avance.
En public, on ne pourra pas me reprocher de n’avoir rien fait. Et les habitants du mortainais diront de moi que je suis un bon dépouté, que j'étais là dans la tempête même si j'ai brassé du vent et/ou gesticulé.
Seulement, les associations et collectifs anti-THT ne se démobilisent pas comme moi. Ils organisent des AG, mènent des actions comme le déboulonnage des pylônes, …Plus fort, au Chefresne, pour faire retarder les travaux, ils vont même jusqu’à habiter dans des arbres, promus à abattage, car situés dans le couloir de la ligne.
Tiens ça me fait penser qu’il faudrait que j'achète le film prequel « la Planète des singes - les origines » en DVD blu-ray.
Pour rester dans l'actualité, j'ai appris qu'aujourd'hui dimanche 3 juin 2012, il y avait une réunion dans la localité précitée (le Chefresne pour ceux qui ont déjà oublié). Il s'agit de faire de faire un point sur toutes les actions de résistance engagées.
Mobilisons nous! oui mais sans moi!
Des dossiers comme cela, même si je m’en passerais, s’enquillent bien. Car après la THT, il fallu je m’intéresse aux barrages de la Sélune.
Là encore, une affaire qui m’a rattrapé.
Tout est parti de la décision « scandaleuse », et je pèse mes mots, de la secrétaire d’Etat Chantal Jouanno à l’écologie en novembre 2009 d’araser les barrages de Vezins et de la Roche-qui-Boit en application du Grenelle de l’Environnement.
Pourtant je savais que les barrages allaient être démantelés.
Lors des discussions du Grenelle de l'Environnement (dès 2007), les barrages sur la Sélune étaient sur la sellette comme en témoigne un courrier adressé par l'association écologique WWF à tous les parlementaires en novembre 2008 (le document ici et la brochure là). En tant que député j'étais naturellement destinataire de cette lettre.
Pourtant j’ai voté la loi sur le Grenelle de l’environnement fin 2008 début 2009 (cf. ici)
En remontant dans le temps, entre 2005 et 2007, en qualité de conseiller général, j’ai participé à plusieurs reprises à la Commission Locale de l'Eau (CLE) visant à établir un Schéma d’Aménagement de Gestion des Eaux (SAGE) de la Sélune, à l'issu duquel l'effacement des barrages a été proposé à l'Etat.
A cette époque je n’ai pas fait d’histoire.
C’est au printemps 2009 que j’ai été interpellé par l’association locale «les amis du barrage» inquiète des conséquences du Grenelle pour les installations hydro-électriques sur la Sélune.
Selon une technique bien éprouvée (cf. le dossier THT), du jour au lendemain, j’ai pris fait et cause des militants pro-barrages et dénoncé l’ineptie de détruire ces barrages.
Alors même que je ne m’y étais pas opposée lors du projet du SAGE ou du vote du Grenelle de l'environnement. Au contraire.
Comme d'hab' les technocrates des Administrations ont en encore pris pour leur grade.
Ces formules anti-fonctionnaires et anti-Etat à l'emporte pièce, les gens de chez nous ils aiment bien.
Une manifestation a été organisée à Avranches le 13 juin 2009. Une réussite. Et puis j'ai eu un coup de mou. Plus rien.
L'association les amis du barrages s'en est bien rendue compte. Ses responsables m'ont interpellé le 4 juillet 2010 lors de la manifestation du Mont-Saint-Michel, me reprochant de ne rien faire (lire les articles ici ou là).
Depuis je m'y consacre pleinement et activement.
Car les élections législatives 2012 approchent.
Problème, la décision d'effacer les barrages a été confirmée en début d'année (26 février 2012) par la ministre de l'Ecologie Nathalie Koziusko-Morizet (NKM) avec un échéancier établi des travaux et renaturation de la vallée. Elle a rappelé aussi le non renouvèlement des concessions hydroélectriques à EDF.
Malgré l'organisation des trois réunions de Ducey, Saint-Hilaire-du-Harcouët et d'Isigny-le-Buat quelques jours plus tôt pour mettre la pression sur le ministère.
C'est clair que cela n'a pas impressionné Paris.
Les carottes sont cuites? C'est sur.
Mais il faut donner le change surtout à l'approche des scrutins.
Car tant l'acte de fin de concession des barrages n'a pas été notifié par le Préfet de la Manche à EDF, je dis qu'il y a de l'espoir, que tout n'est pas perdu, qu'il y a encore une chance d'avoir gain de cause.
Mais qui peut encore croire cela sinon les grands naïfs.
Je suis vraiment le roi des baratineurs.
D'autant qu'il parait que le Préfet a pris la décision début mai de mettre fin à la concession.
J'ai entendu cela lors de la réunion sur les barrages organisée par l'association les amis du barrage samedi 26 mai dernier (lire l'article).
C'est le gauchiste Gérard Sauré qui n'a pas cessé de me critiquer méchamment pendant de débat qui a annoncé avec beaucoup de précaution qu'un arrêté préfectoral de fin de concession des barrages aurait été pris par le Préfet, déposé à la Poste et récupéré au centre courrier plus tard sur ordre du Ministère pour ne pas parasiter la campagne des législatives. Surtout la mienne.
Moi, officiellement et officieusement, je ne suis au courant de rien, mais c'est vrai que si c'était vrai mon argumentation tomberait à l'eau.
Pas bon pour moi. Je passerais pour un gros menteur auprès des associations de défense des barrages et de pêcheurs et de leurs sympathisants.
Il semblerait que le Préfet de la Manche ait bien pris puis retiré cette décision.
C'est ce que m'a rapporté un espion envoyé à la réunion du candidat Bernard Tréhet à Saint-James vendredi 1er juin 2012.
Les 3 conseillers généraux présents (Tréhet, de Brécey, Jean-Marc Julienne, Granville et Michel Thoury, Saint-James) l'auraient confirmé en public.
J'espère que cela ne va pas s'ébruiter dans les jours qui viennent dans la presse. Et que je serais élu dès le premier tour.
Ça sent trop le roussi.
Il faut tenir.
Comprenez moi, depuis 5 ans j'ai tout foiré sur la circonscription.
Que ce soit les tribunaux (lire l'article), la ligne THT (lire ci-dessus), la déviation-est d'Avranches (il faudrait qu'un jour je revienne sur ce dossier), le TGV à Avranches (lire l'article), ...
Sur l'effacement des barrages, c'est mort de chez mort mais il faut faire croire le contraire.
La dernière semaine avant le 1er tour va être longue et périlleuse.
Il faut s'accrocher, tout est encore possible (comme a dit Nicolas Sarkozy que j'ai ardemment soutenu dans ses réformes) et surtout il faut se mobiliser.
Se mobiliser derrière moi.
Dimanche 10 juin 2012 prochain, je compte sur vous, votez pour moi.
votre dévoué Gwénaouël
Guénhaël Huet député de la Manche